BERISHA E KUQE EST MORT

Berisha La Rouge (1946-2023)

“De ta Kosova tu portes le drame

Tu troubles le sommeil des dames

Se désolant de leurs cauchemars,”

Extrait du recueil de poèmes “Le tronc Illyrien”, Sabri Hamiti, Prishtina, 1979.

Klara Buda
Berisha e Kuqe autoportrait, courtesy of the family (Keka Kreshnik Berisha ).

Paris, le 27 janvier, 2023.

Berisha e Kuqe  (1946-2023)

En ce triste lundi 23 janvier est mort à Pristina, le peintre Berisha, le maître albanais de la peinture à Paris. Il est un des plus grands peintres contemporain albanais qui a vécu à Paris dans ce passage entre les deux siècles : le vingt et le vingt et un !

Il n’aimait pas son prénom. Chaque fois que je me suis adressée à lui par son prénom, il me répondait : « je n’aime pas mon prénom, appelle-moi Berisha ». C’est, peut-être, la raison pour laquelle, il a demandé que dans son Épitaphe soit gravé ” Berisha La Rouge” (Berisha e kuqe). Normalement l’attribut devrait être « i kuq » ( le rouge), pour s’accorder avec le masculin. Berisha a mis « e kuqe » en féminin. Quel est le message que le peintre nous livre avec son épitaphe? C’est un message codé. Donc Berisha La Rouge (1946-2023) il sera !

Diplômé de l’Académie des arts appliqués de Belgrade, dans la classe du professeur Rajko Nikolic, il a obtenu le « master des arts appliqués » à l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Il a exposé dans des galeries prestigieuses à Paris et notamment au ” Grand Palais”. Sa carrière dans la capitale mondiale de l’art a été impressionnante.

Le portrait du héros national albanais Gjergj Kastrioti Skanderbeg Collection privée du Président Rugova, 1993.

 

 

Le portrait était le maître mot de son travail. Le monde réel et irréel de l’homme, Berisha le transformait en formes artistiques parfois comme une lumière et parfois comme une confession spirituelle. Au début, son art était inspiré par le symbolisme et plus tard il se distingue par la richesse des couleurs. Ses œuvres se trouvent dans de nombreuses collections privées, galeries et musées.

 

Il est difficile de trouver des informations sur son art, car pour lui le seul endroit où la vraie peinture avait sa place, c’était dans les expositions. Sa peinture vivait, le temps de l’exposition et enrichissait ensuite les collections privées. Loin des médias et des réseaux sociaux, il a pourtant été l’un des rares peintres albanais à Paris, à vivre aisément de son art. On connait, également, seulement quelques-unes de ses expositions comme celle de 1978 – Salle Robert Desnos à Ris-Orangis, Mantes-la-Jolie, France, en 1979 – Nancy, France, en 1982 – Vale de Bravo, Mexico et en 1982 – Los Angeles, United States.

Agnes B. Sur le mur sa signature, calligraphie de Berisha, La Rouge

 

La signature de la styliste française « Agnes B » est la calligraphie du peintre kosovar Berisha.

 

 

 

 

L’académicien kosovar Sabri Hamiti a mieux saisi que personne la nature particulière de ce peintre de talent et son ami, dans le poème, Deuil pour le grand peintre et grand ami Berisha:

“De ta Kosova tu portes le drame

Tu troubles le sommeil des dames

Se désolant de leurs cauchemars,”

Extrait du recueil de poèmes “Le tronc Illyrien”, Sabri Hamiti, Prishtina, 1979.