« Cent quatre vingt treize cages », un des romans les plus poignants…

Le protagoniste Ylli – étoile en albanais – aspire  à être libre et vivre sans attaches. Il est opposé à toute forme de nationalisme, paradoxalement où aujourd’hui, l’Europe succombe de plus en plus à la montée du populisme et des replis identitaires.

Va-t-il attribuer à sa patrie ce qui, en fait, est la faute du totalitarisme et des années de transition?

Veut-il de se libérer de son amour pour une “ mauvaise “ patrie qui lui a causé tant de souffrances, ou refuse t-il toute notion de patrie ?

 

KBP
Kortezi Rezart Palluqi

Paris, May 29, 2017 @ 12:00

Dans « Cent quatre vingt treize cages » au puissant roman de Rezart Palluqi, le protagoniste Ylli, un réfugié politique albanais vivant au Pays-Bas, aspire  à être libre et vivre sans attaches. Il est opposé à toute forme de nationalisme, paradoxalement où aujourd’hui, l’Europe succombe de plus en plus à la montée du populisme et des replis identitaires. L’image d’une Europe unie, de Maastricht semble en effet compromise.

Affecté par cette situation, le protagoniste de cette histoire et aussi le narrateur parlant à la première personne, essaye de s’affranchir de tout symbole national. Il va jusqu’à coudre dans ses caleçons, des drapeaux nationaux de193 pays achetés dans une boutique. Cette aversion des symboles est liée à l’histoire de son père, exécuté pour son amour des étioles et du drapeau américain, des cinquante étoiles qu’il contient.

Ylli essaye de se débarrasser de toute mémoire liée à sa patrie, que ce soit de la mémoire auditive, visuelle, considérant toutes celles-ci comme des entraves à sa liberté. Il va avaler une grande quantité de poivre pour se punir lui-même d’avoir été si fortement attiré par le goût des plats traditionnels albanais.

Il lutte constamment contre ses inclinations pour éviter d’avoir le mal du pays. Il est si convaincu de l’effet néfaste des tels souvenirs dans la vie d’un individu, qu’il songe à crever les yeux de son propre enfant pour qu’il ne souffre pas des mêmes contraintes “patriotiques” et qu’il puisse jouir ouvertement de la vie, savourer pleinement, en tous lieux, la liberté. 

Ironie du sort, c’est dans la cour de sa maison, près de l’oranger tant aimé et présent dans tous ses rêves qu’il va être tué. Et c’est par les mêmes hommes de Sigurimi (la police secrète) qu’il sera exécuté. Bien que ces derniers n’aient plus de pouvoir politique, ils sont toujours très puissants. Après la chute du totalitarisme, ils sont reconvertis en hommes d’affaires.

Ylli est traumatisé depuis son enfance car il a vu son père disparaître à cause d’une fascination pour les étoiles. 14 ans (l’année de la publication de «  193 cages ») après la “chute” officielle du totalitarisme, l’Albanie n’est toujours pas une démocratie mais un système hybride. Il ne mesure pas le risque des ses dires et va parler ouvertement. C’est pour cette raison qu’il va être tué par des ex agents de Sigurimi, convertis en homme d’affaires et encore puissants. Ainsi, pire encore que son père, il va être éliminé sans charges, même fausses…

Va-t-il attribuer à sa patrie ce qui, en fait, est la faute du totalitarisme et des années de transition?

Veut-il de se libérer de son amour pour une “ mauvaise “ patrie qui lui a causé tant de souffrances, ou refuse t-il toute notion de patrie ?

Il est curieux de découvrir que ce roman, un des plus poignant sur le totalitarisme albanais, se veut au-dessus de tout sentiment national.

Version Albanaise