Paris, le 13 avril, 2025
Le 9 avril 2025, Tchako se produit à l’Olympia, à Paris, en première partie du concert de la chanteuse Solann, après un passage remarqué au Radiant à Lyon (le 2 avril), puis à la Vapeur à Dijon (le 3), où il ouvrait déjà pour elle. Une apparition en ouverture, certes, mais où l’essentiel s’est joué ailleurs : dans sa capacité à installer une émotion vraie, à suspendre le flux ordinaire du monde…
Ses interprétations en disent long. Dans “Une belle histoire” de Michel Fugain, Tchako ne reprend pas : il recompose de l’intérieur. Il ralentit, il épure, il laisse respirer les silences. La chanson devient confidence, presque un murmure au creux de l’oreille. Sa voix n’insiste pas : elle flotte, glisse, retient l’instant, comme si chaque mot devait d’abord être vécu avant d’être offert. Il y a là une intimité rare, une tendresse sans pathos, une émotion tenue.
Cette même précision, ce même refus de l’effet facile, on les retrouve dans “Voyage, voyage”, qu’il transforme en balade intérieure, lente et lumineuse. Ce n’est plus une évasion, mais un voyage intérieur, à peine chuchoté. Il y a dans cette interprétation une délicatesse presque fragile, mais aussi une sûreté : Tchako sait où il va, même quand il semble juste nous accompagner au bord du silence.
Et pourtant, tout cela ne fait que commencer. Formé au conservatoire, nourri de Balavoine, Goldman, Chopin, il a d’abord composé pour les autres, exploré la musique assistée par ordinateur, puis décidé de prendre la parole en son propre nom. En mars 2019, il sort “Alive”, un premier single qui mêle son héritage classique à l’énergie d’une électro sensible et actuelle. Porté par une rythmique immersive et un sens mélodique hérité du piano, ce morceau affirme déjà la volonté d’un jeune artiste de bousculer les codes sans jamais sacrifier l’émotion.
Depuis, il chante en français et en albanais, écrit sur les origines, le corps, l’hypersensibilité, sur les amours passées qui vibrent encore — et toujours avec cette retenue élégante, cette manière d’émouvoir sans appuyer.
Issu d’une lignée rare — fils de la soprano mondialement reconnue Inva Mula et du compositeur-interprète Pirro Çako, petit-fils de quatre figures majeures de la musique albanaise : Avni et Nina Mula, Gaqo et Luiza Çako — Anthony Tchako ne s’abrite pas derrière les noms. Il ne s’affiche pas dans l’ombre des siens, ne revendique aucune légitimité héritée. Il avance lucidement, avec sa musique, sa recherche, ses choix. Ce qu’il construit ne doit rien à l’aura des siens, mais tout à la sincérité de son travail, à la justesse d’un geste qu’il affine seul, dans la continuité, mais sans mimétisme. Il ne cherche pas à égaler un héritage, mais à être pleinement lui-même. Et il y parvient.
Dans le paysage musical français, rares sont ceux qui portent avec autant de justesse la tendresse et les lumières d’une voix singulière.
Son dernier single, Dans les silences, prolonge cette quête d’authenticité et de nuance. Porté par une écriture dépouillée et une mélodie sobrement habitée, le morceau explore ces espaces ténus entre les mots, là où l’émotion affleure sans bruit. Avec une voix tout en retenue, Tchako évoque la fragilité des liens, le poids de ce qui n’est pas dit — et réussit, une fois encore, à toucher juste, sans jamais forcer. Dans les silences est disponible sur toutes les plateformes d’écoute, une nouvelle pièce discrète et profonde, à découvrir ici.
On lui souhaite que cette lumière particulière, cette sensibilité exaltante, trouvent bientôt la place pleine et entière qu’elles méritent : en tête d’affiche, en solo, porté par son nom, son art, sa voix.
Et l’on se dit, simplement : « Le bon sang ne saurait mentir. »
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