Réponse Diplomatique : La Question du Pont sur la Rivière Ibër au Kosovo
La France, en tant que premier pays européen à avoir reconnu l’indépendance du Kosovo, a la responsabilité d’aligner ses actions sur son propre passé diplomatique ainsi que sur la position collective du groupe de la Quinte, qui a toujours soutenu la souveraineté et l’intégrité territoriale du Kosovo. L’appel au status quo concernant la situation du pont sur Ibër contredit l’engagement européen en faveur d’initiatives telles que “Open Balkan”, qui promeuvent la libre circulation dans la région. Il est paradoxal de soutenir l’intégration régionale d’une part, tout en préconisant la conservation de la fermeture d’un pont urbain essentiel, limitant ainsi la circulation au sein d’une seule et même ville.
Bernard Kouchner, le premier administrateur de l’ONU au Kosovo, écrit sur le pont de Mitrovica dans son livre Les Guerriers de la paix : “Les colonnes françaises, chargées de cette zone lors de l’entrée des alliés le 12 juin 1999, (…) se sont arrêtées au pont [de l’Ibër], envoyant rarement une unité de reconnaissance plus au nord, où elles ont découvert des membres de la police serbe et des assassins portant des scalps et des cheveux de femmes albanaises accrochés à leur ceinture. Sur ordre de qui nos forces de libération ont-elles été arrêtées [au pont] ? Je n’ai jamais pu le savoir avec certitude, mais c’était une grave erreur politique.”
L’Europe, ayant subi la division des murs, notamment le Mur de Berlin, devrait être particulièrement sensible au symbole que représentent les barrières à l’intérieur des villes. L’expérience allemande, en particulier, souligne l’importance de supprimer de telles divisions, faisant de l’Allemagne un défenseur potentiel d’une politique cohérente et rationnelle à travers l’Europe.
Par ailleurs, il existe des considérations pratiques qui mettent davantage en lumière l’importance d’ouvrir le pont sur la rivière Ibër. Le pont sur la rivière Ibër représente non seulement une connexion vitale au sein de la ville, mais aussi un lien symbolique et pratique avec les ressources naturelles et les vestiges antiques que cache le fond du lac.
L’ouverture du pont sur l’Iber est ainsi une œuvre essentielle. La position de la France sur cette question devrait refléter son engagement historique envers l’indépendance du Kosovo et s’aligner sur les objectifs plus larges d’unité et de coopération européennes. Soutenir les efforts du gouvernement kosovar pour ouvrir ce pont n’est pas seulement une nécessité diplomatique, mais aussi une étape vers la réalisation des principes de libre circulation et de frontières ouvertes que l’initiative “Open Balkan” incarne.
Ainsi, l’ouverture du pont sur l’Iber n’est pas simplement une préoccupation locale, mais une étape cruciale vers une intégration régionale accrue et une Europe sans barrières.