Paris, le 18 avril, 2025
Les coquelicots sont magnifiques.
Je le sais.
Ils surgissent là où le vent les sème,
sans promesse, sans système, sans emblème.
Ils poussent dans des lieux incertains —
entre les murs,
le long des routes,
et transforment les champs ruinés en poèmes.
Personne ne sait combien de temps
leurs pétales tiendront dans le vent.
Et c’est peut-être ça qui les rend si beaux :
ce rouge qui vacille avant le saut.
On ne peut pas les planter,
dans un vase,
ni les poser sur l’appui d’une fenêtre,
ni croire qu’en les arrosant,
elles seront là. Peut-être.
Alors je regarde leur rouge lumière,
cette fragile prière éphémère.
Leur champ m’inspire, les pépins noirs me troublent,
je reste là, à distance, dehors et dedans, le soir.
Elles m’enivrent,
ces graines d’émotion noire
dans un champ trop rouge.
Et je n’ose pas cueillir.
Et je vois que la beauté persiste,
même parfois quand elle m’échappe,
même quand elle existe,
sans la main qui s’avance, sans celle qui attrape.
Même loin de moi,
ce qu’on ne dit pas, elle éclaire.
Et c’est déjà beaucoup.
C’est déjà ça.
Cette beauté éphémère qui comme tant d’autres passerait…

Coquelicots – La promenade, Claude Monet. 73
©Klara Buda