La Déchirure (The Killing Fields 1984)

Le film montre avec une intensité crue l’endoctrinement brutal et absurde du régime des Khmers rouges. Ce n’est jamais surjoué. C’est froid, méthodique, et justement pour ça, terrifiant. Ce qui rend le film si fort, c’est qu’il ne cherche pas à dramatiser ce qui est déjà insoutenable. Il montre, simplement, et c’est suffisant.

Klara Buda
La Dechirure, Swan et Rockoff.

 La Déchirure (The Killing Fields, 1984) est un film bouleversant, puissant, et profondément humain. Il raconte l’histoire vraie de l’amitié entre un journaliste américain, Sydney Schanberg, et son traducteur cambodgien, Dith Pran, pendant le génocide des Khmers rouges au Cambodge dans les années 1970. Ce film ne se contente pas de raconter un drame historique ; il le vit de l’intérieur, à travers des regards, des silences, et des choix moraux déchirants.

L’interprétation de Haing S. Ngor dans le rôle de Dith Pran est exceptionnelle. Ancien médecin ayant lui-même survécu aux camps de travail des Khmers rouges, Ngor ne joue pas : il témoigne. Son rôle lui a valu l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, une récompense qu’il a acceptée avec pudeur, disant qu’il n’avait pu regarder le film qu’une seule fois tant il était douloureux. Toute sa vie après le film a été consacrée à « témoigner » pour les trois millions de morts du régime. Son interprétation donne une force émotionnelle rare au film.

Le film montre avec une intensité crue l’endoctrinement brutal et absurde du régime des Khmers rouges. Ce n’est jamais surjoué. C’est froid, méthodique, et justement pour ça, terrifiant. Ce qui rend le film si fort, c’est qu’il ne cherche pas à dramatiser ce qui est déjà insoutenable. Il montre, simplement, et c’est suffisant.

John Malkovich, encore peu connu du grand public à l’époque, incarne le photographe Al Rockoff. C’est un rôle secondaire, mais marquant. Chaque apparition de Malkovich dans le film est précise, juste, et chargée de tension. Ce film a marqué une étape importante dans sa carrière. En effet, La Déchirure a été l’un de ses premiers rôles majeurs au cinéma. Et bien que ce ne soit pas le seul film marquant de cette année-là pour lui, il a grandement contribué à l’installer comme une figure montante du cinéma.

La même année, Malkovich joue aussi dans Places in the Heart, un autre film marquant qui lui vaudra sa première nomination aux Oscars. Ces deux rôles — dans The Killing Fields et Places in the Heart — lui valent une nomination conjointe au BAFTA en 1985 dans la catégorie « Meilleur espoir dans un premier rôle au cinéma ». Un double coup d’éclat qui a lancé sa carrière sur grand écran, et dont The Killing Fields reste un jalon essentiel.