Des interruptions de grossesse étaient interdites…

 Toute transgression était sévèrement punie. S’agissant d’un avortement illégal, l’affaire prenait des proportions effrayantes. Quelques rares sages-femmes le pratiquaient dans le plus grand secret, non pas tant pour l’argent que par sollicitude envers une parente. Le risque était d’autant plus grand qu’en cas de complications, il n’y avait pas de recours possible à l’hôpital.

Klara Buda

Paris, le 2 février 2024

La République Populaire d’Albanie prohibait les interruptions de grossesse.

Échappaient à l’interdiction les cas où la santé de la mère était en jeu, et seulement sur avis d’une commission médico-légale. Il était donc impossible d’accorder une autorisation à une jeune fille en pleine santé. Jugées immorales, les grossesses hors mariage signifiaient la mort sociale de la fille-mère. Comme la commission délibérative était publique, cela excluait toute confidentialité. La divulgation de l’interruption de grossesse devenait une information aussi largement connue que si l’événement avait fait l’objet d’un avis officiel dans le journal. C’était peine perdue.

 Toute transgression était sévèrement punie. S’agissant d’un avortement illégal, l’affaire prenait des proportions effrayantes. Quelques rares sages-femmes le pratiquaient dans le plus grand secret, non pas tant pour l’argent que par sollicitude envers une parente. Le risque était d’autant plus grand qu’en cas de complications, il n’y avait pas de recours possible à l’hôpital.

Nombre de jeunes filles moururent ainsi, victimes d’une infection banale.