Ajaz en solo fait salle comble au POPUP : une naissance musicale toute en intensité

Paris, le 12 mai — Lundi soir, au POPUP!, cette petite salle parisienne devenue culte pour celles et ceux qui aiment découvrir la musique au plus près des artistes, Ajaz, jeune chanteur à l’univers hybride, donnait son tout premier concert en solo.

La salle était pleine à craquer, vibrante d’une attention rare. Mais au-delà du nombre, c’est cette intimité électrique qui frappait : un public jeune, déjà familier de ses paroles, chantant avec lui comme s’il était un secret bien gardé, prêt à éclore. Preuve que le phénomène Ajaz, entre pop urbaine et éclats mélancoliques, couvait doucement, mais sûrement.

Sur scène, il entre sans fracas — simplement vêtu d’un maillot de l’équipe nationale de football albanaise, le drapeau rouge à l’aigle noir brodé sur le cœur. Une présence immédiate, tranquille. Il enchaîne les morceaux avec une assurance discrète. Pas d’esbroufe, mais ce magnétisme rare : la sincérité à nu. Sa voix plane, touche parfois les aigus d’un falsetto fragile, puis redescend, ancrée dans une douceur rageuse.

Les titres se succèdent — certains déjà sortis, d’autres encore inédits — et pourtant, la salle les connaît. Elle t’a dit quoi ?, Toi t’écoutes pas, Je descends pas : des refrains repris en chœur, comme autant de confidences devenues hymnes pour une génération qui cherche, dans la musique, un miroir plus trouble, plus honnête, moins formaté.

La pop d’Ajaz est indisciplinée, libre : un peu R’n’B, un peu chanson, un peu nocturne aussi. Elle parle d’errances amoureuses, de silences qui pèsent, de nuits qui n’en finissent pas — et des grandes pertes, aussi, qui vivent loin, sur d’autres terres. Mais jamais sur un ton plaintif : Ajaz raconte ses failles avec ironie, parfois avec une tendresse désarmante. Dans Le meilleur pote, c’est mon père, un refrain frappe juste et fait penser, sans l’imiter, à Papaoutai de Stromae. Même pudeur, même rage douce, même besoin de dire l’intime sans le trahir.

Il y a trois semaines, Ajaz a été invité dans l’émission Les Grosses Têtes, où il a interprété en live son nouveau single « Je veux pas oublier ». Ces dernières semaines, il a également été sélectionné dans un tremplin important, où son talent a été remarqué, signe que sa trajectoire commence déjà à dépasser le cercle des initiés.

Le public, attentif, mêlé, était venu écouter — mais aussi soutenir. Cela se sentait. L’applaudissement final n’était pas un simple réflexe poli : c’était une forme d’adhésion. Une reconnaissance.

Et on ne serait pas surpris de voir Ajaz bientôt sur une grande scène  — mais toujours, espérons-le, avec cette même lumière intérieure, pudique et précise, qui fait toute la différence.

Jeanne Bocca en ouverture

La soirée s’était ouverte avec Jeanne Bocca, jeune chanteuse multi-instrumentiste, qui a su, seule à la guitare puis au clavier, imposer une émotion immédiate.

Jeanne Bocca POPUP, 12 mai ©MDH

Jeanne Bocca POPUP, 12 mai 2025 ©klarabudapost

Et puis, il y a ce moment de grâce : Jeanne quitte le micro pour danser, portée par le rythme comme par un souffle. Une danse libre, une façon d’habiter la musique autrement, par le corps. C’était bref, mais lumineux. Comme une vérité qui passe sans explication.

Ensemble, elle et Ajaz — qui n’est autre que son frère, Albin Selimi— s’invitent au milieu du public pour chanter à cappella “Eja, eja lule borë”, un chant traditionnel albanais revisité avec tendresse. Un hommage vibrant à leurs racines. Tous deux sont nés en France, de mère française et de père albanais.

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