Paris , le 8 mai, 2025
À ceux qui savent que la distance éclaire,
que le temps dépouille les illusions,
et que seuls les liens éprouvés par la patience
révèlent l’essence véritable des êtres.
Il m’a fallu fuir un instant Paris,
où même le silence reçoit des visiteurs las.
À Fontainebleau, je poursuis un travail
qui prend toute mon énergie, et m’enthousiasme à la fois.
Ce labeur, je ne sais s’il me comble ou bien s’il me broie.
Mais j’aime m’y plonger, loin des cris des sirènes,
devenues, hélas, des refrains quotidiens.
Je traverse l’océan et les dimensions,
vers la hauteur philosophique de mes écrits profonds.
C’est pourquoi les aéroports, je les aime.
Passer par là m’élève et m’apaise.
J’accrois la distance pour mieux voir la terre,
et nous tous, fourmis dans notre éphémère.
Là-haut, mon ego s’efface et devient clair :
l’insignifiance rend, paradoxalement, la vie plus sincère.
Je décline donc ton invitation,
avec regret, bien sûr ; notre lien persiste, même après tant de raisons.
Nous avons appris Sénèque et la sagesse de l’âge,
mais le cœur, lui, ne connaît pas cet adage.
Prendre le temps est nécessaire.
Car si le temps dissipe les flammes passagères,
il nous épargne d’aimer des mirages.
Il dévoile, lentement, ce qui se cache sous les visages,
et nous apprend si c’est l’âme que l’on aime
ou le reflet changeant d’un premier poème.
Les grands liens, eux, ne craignent ni l’attente ni l’espace ;
ils mûrissent là où le tumulte s’efface.
© Klara BUDA