John Malkovich – la voix, le calme, les monstres…

Une surface calme
sous laquelle bouillonnent les monstres.

Rien ne déborde, mais tout menace.
John Malkovich ne parle — il invoque.

Klara Buda
John Malkovich Copyright ©Warner Bros/courtesy Everett Collection

Paris, le 31 mars, 2025

“C’est Dieu qui s’est assis sans prévenir,
ou le Diable qui lit à voix basse.
Rien ne déborde, mais tout menace.
John Malkovich ne parle — il invoque.*”

Il y a des voix qui s’imposent. Des voix qu’on n’oublie pas. Celle de John Malkovich en fait partie. Elle n’est pas puissante ni spectaculaire, mais elle habite l’espace. Elle trouble, dérange, fascine. Elle plane au-dessus des mots, détachée, presque froide, comme venue d’un ailleurs. Quand Malkovich parle, c’est un peu comme si le ciel lui-même nous chuchotait une vérité que nous n’avions pas envie d’entendre.

Malkovich n’agit pas comme les autres. Il n’interprète pas ses rôles, il les incarne en creux. Il n’impose rien, il suggère. Et cette voix, sa voix, agit comme un fil tendu entre le réel et l’étrange. On l’entend autant qu’on la ressent. C’est une voix qui désarçonne parce qu’elle ne cherche pas à séduire. Elle expose, avec une précision presque chirurgicale, les failles, les non-dits, les abîmes.

Dans Being John Malkovich, il devient à la fois acteur, personnage et objet de fantasme. Il s’offre comme canal d’accès à une autre conscience. Sa voix y joue un rôle crucial : elle devient le vecteur du vertige existentiel. Elle donne une texture à l’absurde. Malkovich, c’est un théâtre intérieur rendu audible.

Même quand il lit, il transforme le texte. On l’a entendu lire La Divine Comédie, Les Liaisons dangereuses, ou encore des textes sacrés. Il ne fait pas que lire, il réinvente. Sa diction lente, parfois mécanique, n’éteint pas l’émotion ; au contraire, elle la décale, la rend plus aiguë. Chaque mot devient fragment de ciel. Il ne joue pas Dieu, mais sa voix a parfois des accents divins — ou démoniaques, c’est selon.

Il y a chez lui une forme de contrôle absolu. Pas d’effusion, pas d’emphase. Tout est tenu, millimétré. Mais derrière ce contrôle, il y a l’inattendu. Il peut basculer en un instant dans la folie ou la tendresse, sans prévenir. Sa voix est une surface calme sous laquelle bouillonnent les monstres.

John Malkovich, c’est la voix du ciel, oui, mais d’un ciel ambigu. Ni lumineux, ni noir. Un ciel de crépuscule, suspendu entre l’épiphanie et l’effroi. Sa parole ne guide pas, elle interroge. Elle ne console pas, elle secoue. Elle nous dit : « Tu crois comprendre, mais tu ne sais rien. » Et pourtant, on tend l’oreille. On écoute. Parce qu’on veut, ne serait-ce qu’un instant, entendre ce que le ciel a à dire.

*”John Malkovich ne parle pas — il invoque” suggère que sa voix fait plus que simplement dire des mots : elle appelle quelque chose de plus profond, presque surnaturel. Il ne parle pas juste pour communiquer, il fait apparaître une tension, une présence invisible, comme s’il réveillait quelque chose en nous ou autour de nous.

Au cas où tu te poserais la question, voici les 10 meilleurs films de John Malkovich selon les notes des utilisateurs de Rotten Tomatoes :

  1. The Killing Fields — 89 %

  2. Empire of the Sun — 88 %

  3. Rounders — 86 %

  4. Being John Malkovich — 85 %

  5. Changeling — 84 %

  6. Dangerous Liaisons — 84 %

  7. Places in the Heart — 80 %

  8. The Sheltering Sky — 79 %

  9. The Ogre — 79 %

  10. Con Air — 77 %

(Source : Rotten Tomatoes)

© Klara Buda