“Enver Hoxha Le Tyran Sanguinaire”

Notes de lecture sur le livre Enver Hoxha Le Tyran Sanguinaire de Blendi Fevziu.

“Le peuple albanais était largement ouvert, fondant des colonies en Sicile, dans le sud de l’Italie, peuplant le massif du Pinde grec jusqu’aux îles du golfe Salonique et s’installant massivement à Istanbul où les Albanais étaient reconnus comme les meilleurs pâtissiers de l’Empire. Mais en novembre 1944, Hoxha a enfermé le pays dans une paranoïa ressemblant à la Corée du nord.(…) Dans les années 1970, il a couvert son pays de millions de bunkers pendant que ses services secrets le Sigurimi trafiquaient avec les mafias des Pouilles et de Calabre ! Durant sa dictature, un Albanais sur trois a été emprisonné, souvent pour des broutilles et pour de longues années. ” C. CH.

Christophe Chiclet

Paris, le 11 novembre, 2022

Notes de lecture sur le livre Enver Hoxha Le Tyran Sanguinaire de Blendi Fevziu.

La vie du dictateur le plus féroce de l’Europe orientale n’était connue qu’à travers ses propres mémoires ou dans des chapitres d’historiens occidentaux et yougoslaves sur l’histoire de l’Albanie. Ce livre est le premier écrit par un Albanais sur Enver Hodja  (ou Hoxha). L’auteur est un écrivain, journaliste, présentateur vedette de chaîne de TV privée. Il a fait partie du mouvement des étudiants de Tirana qui en 1991 ont fissuré puis fait tomber le régime stalinoïde post-envériste, non sans difficulté, mais sans bain de sang comme en Roumanie.

Dans sa préface, Klara Buda écrit : «  Qui est-il ? C’est un dandy très fier de sa personne ! Un Albanais parlant parfaitement le français pour les uns, un raté incapable d’obtenir un seul diplôme pour les autres, mais les multiples facettes du personnage, révélées dans cette biographie, nous montrent un homme cruel, avide et opportuniste ! Un dictateur sanguinaire coupable d’assassinats de déportations et d’arbitraires ». Tout est dit.

Le peuple albanais était largement ouvert, fondant des colonies en Sicile, dans le sud de l’Italie, peuplant le massif du Pinde grec jusqu’aux îles du golfe Salonique et s’installant massivement à Istanbul où les Albanais étaient reconnus comme les meilleurs pâtissiers de l’Empire. Mais en novembre 1944, Hoxha a enfermé le pays dans une paranoïa ressemblant à la Corée du nord. En fondant le Parti communiste d’Albanie en 1941, il a commencé par massacrer les militants archéo-marxistes (dissidents trotskystes) gréco-albanais et les quelques militants anarchistes albanais formés en Italie. Il a rompu avec la Yougoslavie en 1948, avec l’URSS en 1961 et avec la Chine en 1977, avec à chaque fois des purges dans l’appareil du Parti, rebaptisé Parti du Travail d’Albanie. Dans les années 1970, il a couvert son pays de millions de bunkers pendant que ses services secrets le Sigurimi trafiquaient avec les mafias des Pouilles et de Calabre ! Durant sa dictature, un Albanais sur trois a été emprisonné, souvent pour des broutilles et pour de longues années. Enver Hoxha meurt le 11 avril 1985, mais la dictature va perdurer jusqu’en 1991 sous Ramiz Alia. Les Albanais vont alors quitter massivement ce pays maudit, vers la Grèce et l’Italie d’abord, puis l’Europe occidentale.

Cet ouvrage est aussi agrémenté d’annexes très importantes : chronologie, biographies, bibliographie, permettant de mieux comprendre cette dictature très spécifique et unique en Europe.

 Enver Hoxha le tyran sanguinaire, Blendi Fevziu, Paris, Éditions Hadria, 2019, 450 p.

* Cet article, initialement publié à la revue Confluences Méditerranée, est publié ici avec la permission de son auteur.